Ce projet est basé sur le poème "Alchimie du verbe" d’Arthur Rimbaud. Il met en lumière les mécanismes poétiques de l'auteur à travers la typographie. La poésie étant souvent perçue comme opaque, ce projet vise à rendre la poésie plus accessible en traduisant visuellement les techniques d'écriture poétique. Destinée à un public non-initié, cette édition peut également servir d'outil pédagogique.
Concepts Typographiques
Deux concepts typographiques ont été développés pour illustrer des aspects clés du recueil :
• Le décalage temporel : nspiré par le contraste entre le "moi" passé et présent de Rimbaud, ce premier concept utilise des formes linéales géométriques avec des fûts inclinés et des empattements noircis. Le refus de corriger les déformations optiques crée un décalage visuel, rappelant la volonté de Rimbaud de "régler la forme et le mouvement de chaque consonne".
• L'idéal du poète voyant : Ce deuxième concept reflète l'évolution de Rimbaud durant ce récit. L’œil des lettres s’ouvre progressivement avec les révélations poétiques, puis se referme face à l’échec de son œuvre. Plus l’œil s’ouvre, plus la graisse des lettres diminue.
Après une analyse approfondie, ces concepts ont été fusionnés pour créer une typographie cohérente, capable de retranscrire toutes les caractéristiques du poème.
Mise en Page
La mise en page adopte un format carré pour refléter la cyclicité du poème et force la symétrie, laissant les mots créer les lignes de force. Des marges séparent le poème du réel, suivant la tradition de la poésie baudelairienne.
Le texte est disposé selon les principes de la poésie visuelle de Mallarmé, avec des ajustements pour s’adapter aux spécificités de Rimbaud.
Les couleurs jouent un rôle crucial en mettant en avant les répétitions sonores (assonances et allitérations) caractéristiques de la poésie de Rimbaud. Les motifs des lettres utilisent des couleurs chaudes pour les assonances et des couleurs froides pour les allitérations. Ce mécanisme, visuellement dominant, est essentiel pour rendre justice à la richesse sonore du poème.
La reliure japonaise a été choisie pour rendre visible la structure du livre, en écho au travail réalisé pour la structure du poème. Les trames sur la tranche rappellent l’utilisation des trames dans le texte.